Triomphe d’exister…
Qu’y a–t–il à craindre ? Je fais partie de l’éternité.
Je fais partie de la grande puissance de l’univers,
un monde solitaire parmi des millions de mondes,
à l’instar d’une étoile de premier ordre qui s’éteint en dernier.
Triomphe de vivre, triomphe de respirer, triomphe d’exister !
Triomphe de ressentir le temps glacial couler dans ses veines
et d’entendre le fleuve silencieux de la nuit
et d’être debout sur la montagne sous le soleil.
Je marche sur du soleil, je suis debout sur du soleil,
connais rien d’autre que du soleil.
Temps – transformatrice, temps – destructrice, temps – ensorceleuse,
viens-tu avec des nouveaux stratagèmes, mille ruses pour m’offrir l’existence
d’une graine minuscule, d’un serpent enroulé, d’un rocher au milieu de la mer ?
Temps – ô meurtrière – écarte-toi de moi !
Le soleil remplit jusqu’au bord ma poitrine avec du miel exquis
et dit : un jour toutes les étoiles s’éteindront, pourtant elles brillent continûment sans crainte.
Triumf att finnas till… – un poème d’Edith Södergran, traduit par Caspar Schjelbred.
L’original, en suédois, se trouve dans Septemberlyran (1918). Vous pouvez trouver d’autres poèmes d’Edith Södergran sur le site La pierre et le sel.
Photo : Marek Piwnicki