CHANSON
Le poids du monde
c’est l’amour.
Sous le fardeau
de la solitude,
sous le fardeau
de l’insatisfaction.
le poids,
le poids que nous portons
c’est l’amour.
Qui peut le nier ?
Dans les rêves
il touche
le corps,
dans la pensée
construit
un miracle,
dans l’imagination
nous tourmente
jusqu’à
ce
qu’il soit né
dans l’humain—
il regarde par le cœur
brûlant de pureté—
car le fardeau de la vie
c’est l’amour,
mais nous portons le poids
avec lassitude,
alors nous devons rester
dans les bras de l’amour,
rester enfin dans les bras
de l’amour.
Pas de repos
sans l’amour,
pas de sommeil
sans rêves
d’amour—
sois fou ou décontracté
obsédé d’anges
ou de machines,
le souhait final
est l’amour
—ne peut être amère,
ne peut nier,
ne peut se refréner
si dénié :
le fardeau est trop lourd
—doit donner
pour aucun retour
comme la pensée
est donnée
en solitude
dans toute sa splendeur
de son excès.
Les corps chauds
brillent ensemble
dans l’obscurité,
la main bouge
au centre
de la chair,
la peau tremble
en bonheur
et l’âme vient
à l’œil avec joie—
oui, oui,
c’est ce que
je voulais,
j’ai toujours voulu,
j’ai toujours voulu,
revenir
au corps
où je suis né.
Song – poème d’Allen Ginsberg. Traduction par Caspar Schjelbred.
L’original se trouve dans Howl and Other Poems (1956) – et un peu partout sur l’internet. Par exemple sur le site Read a Little Poetry où vous trouverez aussi plein d’autres poèmes superbes.
L’illustration est un dessin d’Eric Johannesson que j’ai trouvé dans un recueil de poèmes de Frans G. Bengtsson.