Conférence : L’art suprême de l’improvisation

par Caspar Schjelbred

Voici une capta­tion de ma confé­rence L’art suprême de l’im­pro­vi­sa­tion en sa première version.

Je l’ai présen­tée à 15 heures le 16 juin 2024 au Théâtre du Petit Gymnase à Paris dans le cadre du festi­val Impro en Seine.

Une conférence plus ou moins improvisée

Ce n’était pas du tout l’idée que j’avais au départ !

Mon projet initial était de tout écrire, de mettre en scène, de répé­ter, d’avoir des retours de gens avisés, etc. Comme on fait pour un « vrai spectacle ».

Je voulais enfin avoir un produit fini à présenter.

Comme Jos Houben avec L’art du rire. Mais bon, ça prend énor­mé­ment de temps. Puis il faudrait tester le spec­tacle devant un public. Ajus­ter, affiner…

Mais non seule­ment ça me parais­sait fasti­dieux, c’était contraire au sujet même et surtout au contexte de cette première présen­ta­tion : un festi­val d’impro !

Devant un public d’experts

Je savais parfai­te­ment quel serait mon public : des impro­vi­sa­teurs. En plus, j’allais recon­naître à peu près la moitié. Des élèves, des collègues, des amis.

Au final, je trou­vais que c’était absurde d’écrire une confé­rence pour cette occasion.

Après tout, je connais mon sujet. J’y pense tout le temps. J’en parle faci­le­ment. Tout ce qu’il me fallait c’était de la structure.

Je voulais construire un plan en béton.

Est-ce que je l’ai fait ?

– Bien sûr que non. J’ai pensé que je devrais le faire. J’ai pensé que j’allais le faire. J’ai pensé le mois prochain, la semaine prochaine, bon d’accord, au moins demain ! La confé­rence, le faux spec­tacle, c’est dans deux jours !

Un improvisateur invétéré ?

C’est possible. C’est proba­ble­ment ça. Ou pas.

Depuis plusieurs années, j’improvise très rare­ment sur scène en tant que comé­dien et ne fais pas grand effort pour chan­ger ça non plus. Ce n’est pas une situa­tion qui me démange.

Impro­vi­ser des spec­tacles moi-même, ce n’est clai­re­ment pas ce qui m’intéresse le plus. Ce que j’aime – beau­coup, vrai­ment, à la folie – c’est l’expérimentation, la recherche sans fin, l’étude pratique de l’improvisation.

Le théâtre n’est qu’une excuse.

Ou bien, c’est le lieu par excel­lence de ce que je veux vivre et voir en ce bas monde.

Ce qui m’intéresse par-dessus tout, c’est la rencontre avec soi-même – celle qui prépare et rend possible la rencontre honnête et sans préten­tion avec les autres.

La prochaine fois

Ce ne sera pas pareil. Évidem­ment. Comment ça pour­rait l’être ?

Le sujet sera le même. La visée aussi. Et les moyens seront à la fois semblables et diffé­rents. J’aurai des nouvelles idées, avant ou pendant la repré­sen­ta­tion, certaines que je vais oublier, d’autres que je vais tout de suite tester et ensuite juger bêtes, et encore d’autres pour lesquelles je vais me féliciter.

Il y aura toujours un peu de tout.

C’est le propre du spec­tacle vivant. Si c’est parfai­te­ment parfait – perfec­tion­né à mort – eh bien, c’est exac­te­ment ça : mort.

Ce n’est quand même pas une excuse pour ne pas se prépa­rer, pour ne pas amélio­rer les choses !

L’art suprême de l’improvisation

Le titre n’est pas une blague.

C’est ce que nous devrions viser. Tout un chacun.

Mon art n’est pas le vôtre et vice versa. L’art suprême de l’improvisation n’est rien sans nous. Je le dis souvent dans mes stages :

L’improvisation est ce que vous en faites.

Le reste, tout ce qui est autour, tout ce qui précède l’improvisation à propre­ment parler, ce n’est pas que des pensées super­fé­ta­toires, des rêve­ries ou des aspi­ra­tions utopiques.

Bien sûr que non. Ce sont aussi des hypo­thèses à tester. Dans les meilleurs des cas, ces construc­tions de pensées – enfin, votre compré­hen­sion actuelle des choses – vont consti­tuer comme des rampes de lancement.

Faites ce que vous avez à faire

Peu importe le type d’improvisation, il faut trans­for­mer votre pensée en action.

La plupart des gens – même des impro­vi­sa­teurs très (trop) expé­ri­men­tés – vont atta­quer leurs idées direc­te­ment. Ils vont court-circui­ter le corps.

Avec le résul­tat que l’on connaît : des impro­vi­sa­tions extrê­me­ment rapides et effi­caces au niveau verbal et narra­tif. Mais très peu spec­ta­cu­laires. Au sens propre du terme : il n’y a pas grand-chose à voir.

Essayez ce que je vous propose dans ma conférence.

C’est exac­te­ment ce que nous prati­quons dans les stages Impro Supreme qui ont chacun ses tech­niques et ses rampes de lance­ment spécifiques.

Mes moments préférés

J’ai failli écrire mes spec­tacles préférés !

Mais c’est presque ça.

Dans mes stages, j’adore regar­der comment chacun s’approprie la méthode que je propose. Il n’y a rien de plus inté­res­sant à voir, à obser­ver, à étudier.

Rien de plus moti­vant non plus. C’est ce qui me nour­rit person­nel­le­ment et profes­sion­nel­le­ment. C’est ce qui donne un sens à une grande partie de ma vie.

Les instants de vérité.

Ce sont rare­ment des grands moments spec­ta­cu­laires. Non plus des grandes décou­vertes qui vont tout chan­ger. Mais simple­ment des rencontres indé­niables avec ou à travers la réali­té physique.

Merci pour votre patience

Si vous avez parti­ci­pé à mes stages, vous m’avez déjà vu faire pas mal de démonstrations.

Ce sont mes petits spec­tacles à moi quand parfois je me laisse aller et joue un peu plus long­temps que néces­saire pour faire comprendre la technique…

Vous êtes mon public préféré.

Parce que vous êtes non seule­ment actifs, mais proactifs.

Vous n’êtes pas là pour me regar­der. Vous êtes là pour vous. Pour ce que vous voulez faire.

Tout ça pour dire que l’art suprême de l’improvisation est à votre portée.

Pour de vrai.

Et main­te­nant aussi en forme de confé­rence – ici sur votre écran.

Article publié le 21 janvier 2025

Dernière mise à jour le 27 janvier 2025

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}

Cet article vous a plu ?

Abonnez-vous à la newsletter Impro Supreme pour vous tenir au courant des prochaines publications !

>